Hassan Hirt, athlète français spécialiste du
demi-fond, participe aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 (éliminé en série
sur 5000m). Peu après, il est contrôlé positif à l'EPO. Suite à son cas positif, il se voit suspendu par la FFA pour
une durée de deux ans. Une sanction qu'il conteste, allant jusqu'à plaider sa
cause devant le conseil d’État. Sans club depuis, dimanche il décide tout de
même de prendre le départ de la course élite, sans dossard, avant d'être
lâchement fauché par un officiel. Entretien.
On a entendu plusieurs
versions des faits de ce qui est arrivé dimanche… Quelle est la tienne ?
Il s'est passé que si mon ancien
club (le président plus précisément) ne m'avait pas pris en otage dans son
mutisme administratif, j'aurais pu faire une saison de cross
"normale" comme tout le monde. Mais quand tu ne maîtrises pas la
bonne foi de ton ancien président de club comment tu fais ? Tu vas le voir en
personne pour le forcer à donner signe de vie ? J'estime qu'à partir du moment,
où on est un président de club, on est par conséquent un adulte sensé et
responsable. Pourquoi pourrir sciemment la saison d'un sportif en restant
silencieux au lieu de me faciliter la procédure de mutation ? Honnêtement je
déteste les conflits. Mais force est de constater que je ne suis en rien
responsable, si ma licence est bloquée.
En prenant le départ dimanche
sans dossard, tu étais pourtant conscient qu'il allait y avoir conflit…
C'est simple. Je ne l'ai pas
fait pour désobéir je l'ai fait, car c'était vital pour moi de courir après des
mois de préparation intensive, sacrifices familiaux, financiers, etc... Je
rappelle que la FFA ne m'a jamais donné d'argent pour me préparer, malgré les
nombreuses fois, où j'ai représenté la France. Je pars donc en stage uniquement à mes frais personnels. Donc quand tu mûris
pendant deux ans un événement précis comme les championnats de France de cross,
comment concevoir un seul instant d'y renoncer uniquement à cause d'un individu
isolé qui ne comprend manifestement rien à l'importance que peut avoir le
sport pour un passionné ? Ne pas prendre le départ était pour moi inimaginable.
Si je renonçais, je donnais le feu vert à mes détracteurs pour me pourrir dans
les prochaines compétitions. Je rappelle qu'on m'a disqualifié des championnats
de France Armée de Terre le 6 novembre à Saumur, sur intervention de Michel
MARLE (FFA), qui a fait croire par téléphone à mes employeurs militaires que je
n'avais pas le droit de courir. Une disqualification que j'ai su
par téléphone au dernier moment, peu de temps avant les France militaires à
Sissonne (02) du 8 janvier. Alors que si j'avais commis une entorse aux règles
antidopage concernant ma suspension (qui ne concernent que les compétitions
organisées par les fédérations sportives françaises), c'est une notification de
l'AFLD qui faisait foi par courrier LR-AR, et non un coup de fil d'un membre
d'une association (FFA), auquel je ne suis pas membre. J'ai même contacté l'AFLD
pour avoir confirmation que je pouvais courir à Saumur, car il n'était pas
mentionné sur le PV de la suspension que je n'avais pas droit aux compétitions
militaires. C'est comme si, par exemple, vous étiez à votre boulot (donc plus
étudiant) et que le directeur de votre ancien lycée appelle votre patron pour
dire des choses sur vous, et là vous avez des ennuis à votre boulot. Donc
c'était juste incroyable ce qui s'est passé. On m'a alors empêché de courir les
championnats de France militaires le 8 janvier dernier, alors que je m'y été
qualifié grâce au France Armée de Terre à Saumur. Suite à ça le cross
international du Mans, je l'ai couru grâce à l'intervention de mon avocat, car
on a voulu me faire croire que les non-licenciés n'y étaient pas autorisés (le
contraire était pourtant dans leur propre règlement intérieur). Curieux non ?
Mentir pour m'empêcher de courir ? Pour quelle raison ? Donc quand on t'empêche
une fois tu te dis ok peut-être que... mais quand on t'empêche trois ou quatre fois
de suite de courir, tu te dis là on veut me faire craquer ! On veut ma peau ce
n’est pas possible. Il n'y rien d'anodin dans ce qui s'est passé successivement
ces derniers mois. Donc je devais courir absolument afin de faire passer un
message : je vous ai demandé de l'aide jusqu'à la dernière minute, en tant que
victime d'un ancien président de club et votre inertie m'a obligé à agir ! Je
suis contre le fait de se faire justice seul, mais quand on appelle la police
et qu'elle refuse de vous aider, vous faites quoi ? Et bien vous vous
débrouillez seul.
Je conteste totalement m'être
dopé. Donc également le résultat de l'échantillon A, qui n'a jamais été confirmé
par l'échantillon B, jamais analysé. Cette affaire est en plein recours au
Conseil d’État, afin d'obtenir l'annulation de la décision qui a provoqué mes
deux ans de suspension.
Comment va se déroulé la suite de ta saison ?
Je vais déjà respirer un bon
coup auprès de ma famille, afin de me ressourcer et je discuterai avec mon
entraîneur Zouhir FOUGHALI, des objectifs pour la saison piste ou sur route...
Je n'ai pas encore décidé si je viserai la route ou la piste. Mais si mes
mollets (fragiles sur la piste) me laissent tranquille, le 10000m me tenterait
bien. Car je n'ai jamais essayé...