jeudi 5 mars 2015

Hassan Hirt, toute la vérité


Hassan Hirt, athlète français spécialiste du demi-fond, participe aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 (éliminé en série sur 5000m). Peu après, il est contrôlé positif à l'EPO. Suite à son cas positif, il se voit suspendu par la FFA pour une durée de deux ans. Une sanction qu'il conteste, allant jusqu'à plaider sa cause devant le conseil d’État. Sans club depuis, dimanche il décide tout de même de prendre le départ de la course élite, sans dossard, avant d'être lâchement fauché par un officiel. Entretien. 

On a entendu plusieurs versions des faits de ce qui  est arrivé dimanche… Quelle est la tienne ?
Il s'est passé que si mon ancien club (le président plus précisément) ne m'avait pas pris en otage dans son mutisme administratif, j'aurais pu faire une saison de cross "normale" comme tout le monde. Mais quand tu ne maîtrises pas la bonne foi de ton ancien président de club comment tu fais ? Tu vas le voir en personne pour le forcer à donner signe de vie ? J'estime qu'à partir du moment, où on est un président de club, on est par conséquent un adulte sensé et responsable. Pourquoi pourrir sciemment la saison d'un sportif en restant silencieux au lieu de me faciliter la procédure de mutation ? Honnêtement je déteste les conflits. Mais force est de constater que je ne suis en rien responsable, si ma licence est bloquée.

En prenant le départ dimanche sans dossard, tu étais pourtant conscient qu'il allait y avoir conflit…
C'est simple. Je ne l'ai pas fait pour désobéir je l'ai fait, car c'était vital pour moi de courir après des mois de préparation intensive, sacrifices familiaux, financiers, etc... Je rappelle que la FFA ne m'a jamais donné d'argent pour me préparer, malgré les nombreuses fois, où j'ai représenté la France. Je pars donc en stage uniquement à mes frais personnels. Donc quand tu mûris pendant deux ans un événement précis comme les championnats de France de cross, comment concevoir un seul instant d'y renoncer uniquement à cause d'un individu isolé qui ne comprend manifestement rien à l'importance que peut avoir le sport pour un passionné ? Ne pas prendre le départ était pour moi inimaginable. Si je renonçais, je donnais le feu vert à mes détracteurs pour me pourrir dans les prochaines compétitions. Je rappelle qu'on m'a disqualifié des championnats de France Armée de Terre le 6 novembre à Saumur, sur intervention de Michel MARLE (FFA), qui a fait croire par téléphone à mes employeurs militaires que je n'avais pas le droit de courir. Une disqualification que j'ai su par téléphone au dernier moment, peu de temps avant les France militaires à Sissonne (02) du 8 janvier. Alors que si j'avais commis une entorse aux règles antidopage concernant ma suspension (qui ne concernent que les compétitions organisées par les fédérations sportives françaises), c'est une notification de l'AFLD qui faisait foi par courrier LR-AR, et non un coup de fil d'un membre d'une association (FFA), auquel je ne suis pas membre. J'ai même contacté l'AFLD pour avoir confirmation que je pouvais courir à Saumur, car il n'était pas mentionné sur le PV de la suspension que je n'avais pas droit aux compétitions militaires. C'est comme si, par exemple, vous étiez à votre boulot (donc plus étudiant) et que le directeur de votre ancien lycée appelle votre patron pour dire des choses sur vous, et là vous avez des ennuis à votre boulot. Donc c'était juste incroyable ce qui s'est passé. On m'a alors empêché de courir les championnats de France militaires le 8 janvier dernier, alors que je m'y été qualifié grâce au France Armée de Terre à Saumur. Suite à ça le cross international du Mans, je l'ai couru grâce à l'intervention de mon avocat, car on a voulu me faire croire que les non-licenciés n'y étaient pas autorisés (le contraire était pourtant dans leur propre règlement intérieur). Curieux non ? Mentir pour m'empêcher de courir ? Pour quelle raison ? Donc quand on t'empêche une fois tu te dis ok peut-être que... mais quand on t'empêche trois ou quatre fois de suite de courir, tu te dis là on veut me faire craquer ! On veut ma peau ce n’est pas possible. Il n'y rien d'anodin dans ce qui s'est passé successivement ces derniers mois. Donc je devais courir absolument afin de faire passer un message : je vous ai demandé de l'aide jusqu'à la dernière minute, en tant que victime d'un ancien président de club et votre inertie m'a obligé à agir ! Je suis contre le fait de se faire justice seul, mais quand on appelle la police et qu'elle refuse de vous aider, vous faites quoi ? Et bien vous vous débrouillez seul. 
 
Tu assumes t'être dopé en 2012 ? Qu’en est-il de cette affaire ?
Je conteste totalement m'être dopé. Donc également le résultat de l'échantillon A, qui n'a jamais été confirmé par l'échantillon B, jamais analysé. Cette affaire est en plein recours au Conseil d’État, afin d'obtenir l'annulation de la décision qui a provoqué mes deux ans de suspension. 

Comment va se déroulé la suite de ta saison ?
Je vais déjà respirer un bon coup auprès de ma famille, afin de me ressourcer et je discuterai avec mon entraîneur Zouhir FOUGHALI, des objectifs pour la saison piste ou sur route... Je n'ai pas encore décidé si je viserai la route ou la piste. Mais si mes mollets (fragiles sur la piste) me laissent tranquille, le 10000m me tenterait bien. Car je n'ai jamais essayé...